L’Ubérisation du travail signe-t-elle la fin du salariat ? | Mon CDI

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L’Ubérisation du travail : un modèle à n’importe quel prix ?

28 mai 2019

Avec le boom de la digitalisation, nous assistons ces dernières années à la multiplication des plateformes en ligne et des applications e-commerce. Sur le marché du travail, ce phénomène s’accompagne d’une tendance à la diversification des statuts, avec le développement du régime d’auto-entrepreneur, les Ubers, les managers de transition et tous les freelances. On parle aussi d’ubérisation du travail. La France se dirige-t-elle vers la fin du salariat ?

L’Ubérisation : pourquoi ? Et pour qui ?

L’Ubérisation tire son nom du modèle économique créé en 2009 par la société Uber. Devenu un néologisme, le terme définit une manière de travailler selon laquelle une start-up utilise une plateforme numérique afin de mettre en relation des clients et des entreprises.

Différentes raisons ont contribué à la naissance de ce modèle économique. La déception vis-à-vis des modes d’organisation et de management dans l’entreprise, le besoin d’autonomie, la recherche d’un équilibre entre la vie professionnelle et personnelle, associés à la création du statut d’auto-entrepreneur, ont incité certains à se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. L’expérience peut s’avérer certes attrayante au démarrage, puisque le travailleur freelance organise librement son activité et son emploi du temps, gagne en autonomie, sans dépendre d’un supérieur hiérarchique, et peut, selon les cas, obtenir des missions diversifiées.

La suppression des intermédiaires : un gain pour l’entreprise

Parmi les sociétés qui se sont lancées, on trouve par exemple, le géant Amazon avec la vente de livres en ligne et l’édition électronique des auteurs, Air BNB, avec la proposition de lits chez le particulier, mais aussi des sociétés de service juridique en ligne via des algorithmes et des outils sémantiques, des sociétés de services à la personne etc. Les intermédiaires, comme les libraires, les éditeurs, les hôtels, les cabinets d’avocats, les sociétés de taxis... sont ainsi supprimés. De son côté, derrière la plateforme en ligne, la start-up peut tirer des avantages de tarifs tirés vers le bas, qu’elle ne serait pas autorisée à pratiquer en salariat, en France. Avec des frais fixes et une masse salariale réduite, l’entreprise augmente sa marge et son volume.

Des avantages pour le consommateur

Mais les véritables bénéfices de l’ubérisation touchent surtout le consommateur, avec une offre de service compétitive où le rapport qualité prix est optimisé. En effet, dans un environnement fortement concurrentiel, des options supplémentaires peuvent être ajoutées à des services existants (un suivi GPS chez Uber, par exemple). La qualité s’en trouve améliorée pour un tarif encore plus bas.

L’Ubérisation de la fonction RH

L’Ubérisation touche également les ressources humaines. Pour parer à certains pics d’activité, les recruteurs ont aussi recours à des freelances. Certaines agences d’intérim mettent en place des plateformes de mise en relation entre employeurs et freelances. D’une certaine manière, le recours à l’intérim lui-même est également une forme d’ubérisation, au sens où il accroît la précarité du travailleur.

D’autre part, il existe aujourd’hui de nombreux outils pour ubériser les pratiques de recrutement, notamment lors de l’étape du sourcing dont l’intérêt est de gagner du temps. En effet, lors de la recherche de candidats, des applications et des plateformes mettent en adéquation les CV reçus et les profils recherchés par l’entreprise en les faisant matcher.

Néanmoins, étant donné la complexité de la fonction et la diversité des secteurs, l’ubérisation des RH ne peut qu’être partielle.

Les limites de l’Ubérisation

Si l’ubérisation offre une flexibilité à certaines entreprises et permet aux travailleurs de rester « indépendants », le foisonnement de l’offre est tel qu’il tronque le marché du travail avec des tarifs nettement plus bas qu’un tarif horaire en salariat. Le paiement à la tâche ne profite pas aux freelances confrontés à une concurrence mondiale dans certains métiers, comme graphiste ou rédacteur. La relation de sous-traitance existe et le client peut imposer ses prix, regardant au plus offrant. Le régime fiscal et social contribue largement à la précarisation des freelances, avec un rythme de travail irrégulier, des heures « supplémentaires » non rémunérées, une mutuelle ou une protection sociale quasi inexistante, pas ou peu d’accès au crédit.

De son côté, l’entreprise ne s’y retrouve pas non plus. D’une part, des grands comptes se retrouvent attaqués en justice par leurs livreurs indépendants, qui demandent une reconnaissance de leur statut de salarié. D’autre part, les sociétés derrière les plateformes de services à la personne, entre autres, peuvent être confrontées à des risques de volatilité du personnel mis à disposition. Les indépendants peuvent se faire recruter par les clients et ces derniers s’avèrent difficiles à fidéliser, par manque de suivi.

Quelles solutions ?

Avec ses avantages et ses inconvénients, l’ubérisation modifie notre rapport au travail. Certains souhaitent poursuivre la réflexion sur la création d’un socle de droits communs protecteurs pour tous les travailleurs (salariés et indépendants).

D’autres estiment qu’il est possible de considérer l’ubérisation de manière parcellaire, en l’utilisant simplement comme un outil facilitant certaines tâches, par exemple pour le sourcing qui favorise la valeur ajoutée des RH.

Quoi qu’il en soit, les DRH ont un rôle à jouer pour valoriser la marque employeur et garder leurs salariés. Le sentiment d’appartenance à l’entreprise, les valeurs défendues par celle-ci, sont des moyens de fidélisation et d’humanisation du rapport au travail qui n’existent plus avec les plateformes.

De plus, la flexibilité et l’autonomie sont également envisageables avec le salariat, via notamment la mise en place du télétravail au sein des entreprises, qui permet de répondre aux besoins d’indépendance et réduit les charges fixes pour l’employeur.

Enfin, avec Mon CDI, la création d’un contrat pour des missions longues de 5 ans permet d’éviter de recourir à des freelances ou à des intérimaires, et surtout de répondre au besoin de flexibilité des entreprises, tout en garantissant la sécurité des salariés mis à disposition.

Nathalie Guyader, Rédactrice RH

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